Il y a une semaine, Polichon a sauté son unique tétée quotidienne, celle du matin. C'était la première fois qu'il n'étais pas allaité plus de 12h. Le lendemain même chose, etc etc. Mes seins et moi on l'a bien compris, l'allaitement c'est du passé.
Ce qui peut paraitre complétement anodin pour les autres, est quelque chose de fort en émotion pour moi. J'ai allaité Pimprenelle 15 mois et elle s'est détournée elle-même de mes seins quand mon lait est devenu du colostrum pendant la grossesse de son petit frère. 6 mois plus tard Polichon prenait le relai. Et c'est à 20 mois et demi qu'il a lui aussi décidé de passer à autre chose.
Ma première réaction à chaud ? Le soulagement. Après deux bébés rapprochés allaités longtemps, oui je l'avoue sans honte, j'étais soulagée. Je suis heureuse qu'il se soit arrêté. Je commençais à en ressentir le besoin mais je n'arrivais pas à me résoudre à le sevrer. Je ne savais pas comment m'y prendre, je n'avais pas le courage de le "forcer", de le "priver" de mon lait et de ce moment qu'il affectionnait au réveil. Il a pris les choses en main, et m'a ainsi évité l'idiote culpabilité qui vient s'imiscer sournoisement.
Oui je suis soulagée MAIS ça n'empêche pas la nostalgie d'être venue mettre son nez là-dedans. Bien sur, tout ça m'a fait cogiter, et je me suis repassé dans la tête le film de mes accouchements, de mes premières tétées, de mes allaitements. J'ai repensé à la toute petite tête de mes nouveaux-nés, qui farfouille dans le décolleté énergiquement à la recherche de cette manne lactée. Leurs yeux qui roulent et se ferment au plaisir de sentir ce lait chaud couler dans leur gorge. La bouche qui lache le sein et la tête qui retombe en arrière, la goutte de lait au coin de la bouche, la langue qui tétouille un sein invisible et le sourire bienheureux. Que ces moments sont magiques ! Qu'il est bon de sentir qu'on procure autant de bien-être à son tout petit ! Quel soulagement, après lui avoir tout donné pendant la grossesse, de continuer à lui être indispensable après. C'était indescriptible. Soulager les coliques par une tétée, endormir son bébé par une tétée, calmer un chagrin par une tétée, dire bonjour le matin par une tétée. Je garde ces précieux instants au fond de mon coeur.
Je n'oublie pas non plus les galères. Les douleurs des premiers jours, le trop gros flux de mon lait contre lequel mes bébés devaient lutter, ces nuits hachurées par des tétées...
J'ai le profond désir d'avoir d'autres enfants, un jour, je ne sais pas quand. Que je les allaiterai, ça ne fait aucun doute. Mais aurais-je la force de les allaiter si longtemps, rien n'est moins sûr. Alors je regarde ces deux allaitements si réussis avec fierté et bonheur.