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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 07:00

Demain Polichinelle aura 3 mois.

Il y a 3 mois seulement que je l'ai mis au monde et il me semble déjà que je n'ai jamais vécu sans lui. Il a pris sa place dans notre famille et nous ne pourrions jamais revenir en arrière.

Pour Pimprenelle j'ai fini par avoir de gros regrets en repensant à mon accouchement. Alors 3 mois après celui de Polich, qu'est-ce que je ressens ?

C'est vrai que mon rêve d'accouchement idéal c'est celui d'un accouchement complétement physiologique. Si j'en ai rêvé pendant une partie de ma grossesse, j'ai fini par réaliser qu'il n'était pas possible. Une naissance se vit à deux, et l'homme de ma vie n'est pas sensible à ça. Lui imposer un accouchement complétement naturel reviendrait à dresser un mur entre lui et moi pendant cette naissance. Il ne serait pas vraiment complétement avec moi, et au moindre incident qui sait ce qui pourrait arriver à notre couple à cause de cette incompréhension ?

Non, c'est impossible pour moi de faire ça seule. Notre enfant nous l'avons désiré ensemble et nous allons le mettre au monde ensemble. J'ai besoin de son investissement à 100% et pour cela nous devons nous comprendre.

Si j'ai pu être déçue un jour ou deux en réalisant ça, je ne suis pas du genre à me morfondre 10 piges sur quelque chose alors j'ai rebondi. Et j'ai décidé de m'approprier mon accouchement médicalisé.

J'allais accoucher au même endroit que pour ma fille, mais cette fois je prendrais les choses en main. J'ai donc établi un projet de naissance, moi qui ne voulais pas en faire. Et puis j'ai lu, lu, et lu encore pour comprendre le fonctionnement précis du corps pendant le travail et la naissance. Ma meilleure lecture a clairement été "Vivre sa grossesse et son accouchement : une naissance heureuse" d'Isabelle Brabant qui se présente sous la forme d'un manuel, ainsi que "Pour une naissance sans violence" de Frédéric Leboyer. Ce dernier donne non seulement de bonnes informations, mais est écrit avec tant de poésie que chaque phrase se savoure comme un Du Bellay.

J'ai pris avec grand sérieux les séances de sophrologie que me donnait ma sage-femme. Ils rendaient presque réels les informations que j'avais lues.

Vivre et comprendre son corps pour accompagner, et non subir.

Et j'ai donné la vie à mon fils, dans une salle d'accouchement froide entourée de matériel médical. Mais moi, intérieurement, j'étais ailleurs.

Mon corps était allongé dans ce lit de maternité mais mon esprit était tout entier dans mon corps. Scrutant chaque étape et chaque modification, accompagnant l'avancée du travail et de mon enfant.

J'ai eu une péridurale car c'est quasiment impossible de ne pas l'avoir dans le cadre d'un accouchement en maternité classique, sans sage-femme à 100% pour soi.

Je l'ai acceptée sans culpabiliser, en me l'appropriant également. Oui je reconnais que je n'ai pas la force de faire sans, mais je ne vais pas me laisser envahir par elle et la laisser prendre le contrôle de mon corps. Non, je vais la maitriser, et elle sera un outil plutôt qu'une fatalité.

Et j'y suis parvenue. En m'injectant des doses à intervalles distants, à la dernière minute, j'ai réussi à garder toutes mes sensations. La douleur avait disparu à 80%, et grâce aux 20% restants j'ai senti toute l'avancée de mon bébé dans mon bassin, je l'ai senti appuyer de tout son poids sur le col, j'ai senti mon corps pousser naturellement. J'ai accompagné toute la descente de mon fils et j'ai senti son corps sortir du mien.

J'ai accouché en position latérale, comme je l'avais désiré, et ainsi laissé mon bassin et mon sacrum s'ouvrir comme il le fallait.

 

Je veux d'autres enfants, et je veux les mettre au monde dans les mêmes conditions. Je peux le dire cette fois, je n'ai pas subi mon accouchement, je l'ai vécu, je l'ai fait, moi-même et je suis en paix avec mon corps.

accouchement.jpg

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15 mai 2012 2 15 /05 /mai /2012 16:41

Avoir un 2ème enfant ça ne se vit pas comme le premier et je suis en train de m'en apercevoir jour après jour.

J'ai aimé Pimprenelle à la seconde où je l'ai posée sur moi. Elle était la chair de ma chair, ma toute petite, et à l'instant où je l'ai vue elle était inscrite en moi à jamais comme ma fille bien aimée.

Je n'ai eu aucune crainte pendant la grossesse de Polichinelle. Etant 4ème enfant d'une famille de 5, je savais qu'il était complétement possible pour des parents d'aimer autant chacun de leurs enfants sans faire de différence. Mais je n'avais aucune idée de comment j'allais réagir à sa naissance. J'avoue que j'ai du mal avec le "dialogue" in utero. Caresser mon ventre, lui adresser quelques paroles, oui je l'ai fait. Mais avoir une vraie relation avec mon petit bébé en moi je n'ai jamais vraiment réussi. Encore moins pour Polichinelle que pour Pimprenelle. Faute de temps, faute de choses concrètes...

Lorsque mon fils est né, j'ai été aussitôt très maternelle avec lui. Je ne le posais quasiment jamais à la maternité. Je lui apportais le contact, la tendresse et la chaleur dont un nouveau-né a le besoin quasi vital. Je l'aimais déjà, mais j'ai eu besoin de le regarder, regarder, regarder encore et encore pour me l'approprier.

J'étais déjà mère une fois, et c'était finalement bien plus difficile de réaliser que je l'étais encore une fois mais pour quelqu'un d'autre. Faire entrer ce petit garçon presque inconnu dans notre bulle d'amour que nous ne partagions qu'à deux depuis 21 mois. Le faire entrer et lui accorder la même place. Ce n'était pas simple, mais surtout ce n'était pas inné.

Je me suis abreuvée de lui, de son image, de son odeur pendant des jours. Je le calinais énormément pour l'ancrer en moi, le graver aussi fort que Pimprenelle.

Et c'est environ 15 jours après sa venue au monde que j'ai vraiment senti que l'amour complétement irrépressible d'une mère pour son enfant commençait à déferler de moi. Cet amour qu'on ne peut pas contrôler, cet amour qui est si fort qu'il en fait presque mal. Cet amour qu'on ressent jusqu'au bout des ongles et par les toutes les pores de la peau.

Enfin il prenait toute sa place dans la bulle que je partageais jusqu'alors avec ma fille. Il y prenait non seulement sa place mais y apportait aussi toutes ces nouveautés qui lui sont propres.

Les premiers temps je le couvrais de bisous parce que c'était mon petit bébé et qu'il ne pouvait que me provoquer de la tendresse et de l'amour. Désormais je le couvre de bisous parce que c'est lui, c'est Polichinelle, je le reconnais, je connais son petit visage, ses petits bruits, ses petites mimiques et qu'ils me font mourir d'amour.

2e-enfant.JPG

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 21:49

Nous sommes le 24 avril 2012. C'est le jour de mon terme et je suis toujours enceinte.
Mon accouchement j'en ai rêvé, je l'ai pensé et préparé pendant de longs mois. Je l'ai idéalisé et ai imaginé comment je le voulais, le plus naturel possible. Mais ce dernier mois j'ai fini par avoir juste envie de mettre mon fils au monde. J'ai arrêté d'idéaliser et j'ai été plus réaliste. L'accouchement dont je rêvais n'était pas réalisable dans le cadre d'un accouchement en maternité classique. A moi d'essayer de vivre au mieux les moments qui comptent le plus pour moi, et ceux que j'ai l'impression d'avoir ratés pour Pimprenelle.

Ces derniers jours ont été particulièrement longs, je ne pensais pas accoucher si tard et demain je dois me rendre à la maternité à midi pour un contrôle après terme.
Je n'arrête pas d'avoir des fausses joies depuis quelques jours, j'y ai déjà cru deux fois et ai été bien déçue. J'ai l'impression que je ne vais plus accoucher, que tout cela était une illusion. Je prends fort sur moi pour ne pas sombrer dans le blues, je dois être forte pour ma puce. Je ne veux pas qu'elle ressente que j'en peux plus. Je continue de la coucher chaque soir en lui disant "ton petit frère il va peut-être naitre demain", et elle de me répondre "peut-être!".
Il est 18h et je recommence à avoir des contractions. Comme la veille et l'avant-veille à cette heure là. Je suis blasée, je n'ai pas envie de les calculer cette fois. Les fausses joies non merci. Mais je dois bien avouer que ce soir mes contractions sont  largement plus douloureuses bien que très espacées.


Au bout de 45mn, lassée, je décide que si c'est encore du faux travail je préfère le savoir tout de suite. Je m'avale 2 spasfons et je plonge dans un bon bain avec ma grande puce. On s'amuse toutes les deux et deux contractions seulement viennent troubler ce moment. Deux contractions très faciles à gérer. Je commence à douter. Encore du faux travail non ? Mon amoureux m'aide à sortir du bain et à ce moment une contraction violente me cloue sur place. Ah ! J'ai déjà lu ce genre de choses dans pas mal de récits d'accouchement.
J'en attends encore une qui se fait sentir rapidement. Ok, cette fois je crois que c'est la bonne vu que ni le bain ni le spasfon ne font effet.


A 20h nous amenons Pimprenelle chez son ex-nounou pour qu'elle y passe la nuit. Nous sommes bien contents de ne pas avoir besoin de la lever en pleine nuit. Pimprenelle est joyeuse et semble bien comprendre ce qui se passe, comme nous lui en parlions depuis des mois "Maman a mal dans son ventre, c'est parce que le petit frère veut sortir. Papa et maman vont à la clinique pour que le docteur aide le bébé à sortir et quand il sera né papa viendra te chercher pour aller voir maman et bébé à la clinique".
C'était le petit discours que nous lui répétions depuis un moment.


Dès que ma princesse quitte l'appartement avec son papa mes contractions deviennent bien plus intenses. Je me mets à quatre pattes sur mon parquet pour les gérer. C'est impeccable, la position me soulage bien. Je commence à appliquer mes cours de sophrologie pour la respiration.
Mais malgré tout, mes contractions restent espacées. J'appelle ma maternité, la sage-femme me dit que mes contractions sont quand même trop espacées (15mn) mais que si ça ne passe pas, je peux venir dans une heure voir où ça en est.
Mon beau-père est prévenu, c'est lui qui va nous y amener. 45mn plus tard il est là et nous partons à la maternité. Une seule contraction dans la voiture. Le rythme ne s'accélère pas. Je commence à craindre qu'on me demande de rentrer chez moi. Je ne m'en sens pas la force...


21h30 nous y sommes.
La sage-femme commence par un toucher vaginal et le verdict me tombe sur le coin du nez : col long postérieur à peine ouvert à 1.
Le travail n'a pas commencé selon la sage-femme, il ne se passera rien pour moi cette nuit, il n'y a aucune raison que je reste. Je fonds en larmes. Toutes ces larmes que je retiens depuis des jours. Non je peux plus attendre, je peux pas rentrer chez moi !! Je suis désespérée. Surtout que si mes contractions sont toujours espacées d'un quart d'heure, elles n'en restent pas moins intenses et douloureuses. Le travail a bel et bien commencé, j'en suis intimement persuadée !


La sage-femme m'annonce qu'on va profiter que je sois là pour faire tous les examens que j'étais sensée venir faire le lendemain. Me voilà donc partir pour 30mn de monitoring que je vais passer à pleurer, maugréer et me plaindre à mon amoureux. C'est toute l'attente qui retombe d'un coup...
Rien de spécial pendant ce monito, à peine 2 contractions dont la 2e juste à la fin au moment où la sage-femme revient. Je la soupçonne d'avoir pensé que je simulais à ce moment pour être gardée. Mais il est aussi probable que je sois devenue paranoïaque par la colère ...


Elle me fait ensuite une échographie pour voir la quantité de liquide amniotique et tout est parfait. Elle me dit qu'elle va me rééxaminer et qu'ensuite je peux rentrer chez moi.

Col effacé ouvert à 2.
Aaaaaah j'avais donc bien raison, j'avais compris mon corps. Je suis bien en travail et mon col s'est ouvert en l'espace d'une heure malgré mes rares mais fortes contractions.
Changement de programme, je reste ! Je repleure mais cette fois de soulagement.


Il est 22h et on nous dit d'aller marcher pendant une heure puis de revenir pour faire le point.
Le coeur léger nous marchons dans les couloirs de la maternité. A cette heure-ci il n'y a pas un chat et nous sommes rien que tous les deux, en amoureux, dans la pénombre. Nous errons entre les arbres immenses du patio, c'est romantique et totalement magique. Mes contractions prennent aussitôt une cadence différente. De 15mn elles passent rapidement à 3-5mn d'intervalle. Je les gère à chaque fois sans problème malgré leur intensité. Je me tiens au mur, ou à mon amoureux. Parfois je m'autorise même à me mettre à quatre pattes puisque nous ne croisons personne. Je suis heureuse à ce moment précis, je me sens tellement bien ! Et je savoure...


Nous nous arrêtons à la machine à café et prenons un cappuccino en amoureux. C'est notre rituel chaque soir et nous sommes heureux de le partager encore ce soir, dans ces circonstances.
Ça fait une heure que nous marchons. Il est temps de revenir au bloc obstétrical pour faire le point. Je n'ai aucun doute que ça ait bougé car désormais les contractions m'emportent dans d'immenses vagues puissantes. Je suis fière car j'arrive encore à bien les gérer. Pour Pimprenelle à ce stade j'étais déjà sous péridurale, je n'arrivais plus à gérer à seulement 1 petit doigt. Comme quoi se préparer ça ne sert pas à rien.


Il est donc 23h30 et je suis à 3.
On me demande si je veux la péridurale. Non, pas encore, plus tard. Je veux essayer d'aller plus loin.
On m'installe un monitoring mais je peux marcher autour du lit. Je suis sur le ballon, l'amoureux me fait des massages et à chaque contractions je m'agrippe au lit et fait de longues expirations. Soudain je suis prise d'une très forte nausée. A peine le temps de prévenir mon homme que je rends tout mon cappuccino dans une bassine. Ok c'était peut-être pas l'idée du siècle de le boire ce soir. Tant pis.
Les contractions commencent à prendre une nouvelle intensité. Je suis envahie de douleur et je m'enferme dans ma tête à chacune d'elles. Je pratique mes cours de sophrologie et m'évade dans le jardin de mon enfance. Je replace chaque parterre de fleurs, chaque arbre, la balançoire. Ça marche bien même si je souffre beaucoup je suis encore très positive.


30mn plus tard la sage-femme rentre pour me dire que l'anesthésiste est là et qu'il risque ensuite de ne plus être dispo avant un long moment. J'hésite à peine 1 minute. De toutes façons je commence à ne plus y arriver. Je dis ok.
Dans l'instant l'anesthésiste est là. Comme pour Pimprenelle j'ai la chance que ce soit quelqu'un de sympathique, qui attend que les contractions soient passées pour agir et qui fait tout délicatement. Je ne sens rien.
Il est minuit et j'ai hâte que la péridurale fasse effet pour reprendre mes esprits. Surtout que cette fois je suis clouée dans mon lit.


La sage-femme m'ayant dit que mon bébé était encore haut, et à droite (comme Pimprenelle et j'avais eu beaucoup de mal à la faire descendre) je m'installe tout de suite sur le côté gauche, la SF m'installe un gros oreiller entre les jambes.
A une heure du matin mon col est à 4 mais le travail avance beaucoup moins, mes contractions ont perdu en intensité à cause de la péridurale. La SF me dit qu'elle va percer la poche des eaux. En temps normal j'aurais été contre puisque j'aurais voulu qu'elle se rompe naturellement. Mais je ne suis pas en temps normal. Je suis dans un monde parallèle et j'approuve.
Point de chutes du Niagara. La tête de mon bébé bouche la sortie et le liquide sort par petites quantités chaque fois que je bouge.


Le monitoring m'indique clairement que ça fonctionne bien, mes contractions décollent ! Je suis heureuse d'avoir la péridurale lorsque je vois les chiffres augmenter. D'autant plus heureuse que je ne me sens pas anesthésiée. Je sens tout et j'arrive à comprendre ce qui se passe dans mon corps. Je sens sans souffrir. Tout ce que je voulais.
La sage-femme revient. Mon Polichinelle n'aime pas que je sois sur le côté, ça fait ralentir son coeur. Soit. Je me remets sur le dos et son petit coeur reprend un bon rythme. Décidément quel accouchement imprévisible !


2h du matin, dilatation à 8. What ??? Mon accouchement avance à une vitesse vertigineuse. Il y a à peine 4h on me priait de rentrer chez moi en m'assurant qu'il ne se passerait rien cette nuit !
J'explique à la sage-femme le passif de mon périnée, tout ce que j'ai souffert à mon précédent accouchement et le post-partum si difficile que j'ai eu à cause de ma déchirure complète. Je lui dis que je n'ai pas de souhait spécial car je ne sais pas ce qui est le mieux. Mais je lui demande d'y accorder une attention toute particulière. Après en avoir discuté avec ses collègues elle me dit qu'elles pensent qu'il vaut peut-être mieux faire une épisio pour éviter que ça redéchire sur ma cicatrice.


A 3h je suis à dilatation complète et je sens mon bébé qui pousse. Sensation totalement nouvelle, pour Pimprenelle je n'avais absolument rien senti, shootée par ma péri.
Cette fois j'ai fait très attention à prendre peu de péridurale. Juste ce qu'il faut pour ne pas trop souffrir. Je sens mon bébé descendu dans mon bassin, je sens qu'il arrive, qu'il n'est pas loin.
On s'installe pour pousser. Je souhaite accoucher sur le côté pour aider la descente du bébé, ne pas bloquer l'ouverture du sacrum et aussi épargner mon périnée.
Je m'installe donc sur le côté. Ma jambe gauche tendue sur le matelas, la jambe droite au-dessus sur l'étrier. Mes deux mains tendues au-dessus de ma tête pour pousser sur mon amoureux.


C'est parti. Pas besoin de m'expliquer quoi que ce soit. Je sens les contractions, les poussées réflexe, tout !
Mes poussées s'avèrent efficaces. Je parviens à faire descendre mon bébé rapidement et la sage-femme l'aide à se tourner avec ses doigts.
Après 2 poussées mon bébé est vraiment tout proche. C'est alors que mon amoureux exprime sa déception d'être à ma tête et de ne pas pouvoir assister directement à la naissance de son fils. Une des deux sage-femmes prend alors sa place à ma tête et mon homme se place à côté de l'autre SF, aux premières loges.
On m'annonce que c'est un bébé tout brun qui va naitre ! Je n'en suis pas étonnée mais je suis contente de savoir que sa tête est si proche de la sortie.


Je pousse une nouvelle fois et on me demande d'arrêter. Pourtant j'ai tellement envie de pousser ! Mon bébé est à la sortie je le sens !  Je suis écartelée, je gémis. C'est davantage désagréable que douloureux. Mais la SF fait cela pour que mon périnée prenne le temps de se détendre avant la poussée finale.


Et enfin je peux recommencer à pousser et aussitôt la tête  de mon petit garçon apparait et je me précipite pour l'attraper sous les bras et l'amener sur moi. Son cordon est court je le pose donc sur mon ventre. J'avais demandé qu'on attende que son cordon ne batte plus avant de le couper et mon souhait a été entendu.


Posé contre moi, nous pouvons enfin nous découvrir de l'extérieur. Rapidement mon amoureux me souffle que notre fils est en train de chercher à téter. Sa petite bouche cherche et trouve mon sein pour une longue première tétée, sous les petites lumières tamisées qui ont été allumées pour ne pas éblouir notre bébé.


Mon bébé, mon fils est là.
Il est beau, il ressemble tellement à son papa déjà.
Un deuxième enfant, une nouvelle histoire. L'histoire d'un être humain unique et magnifique, dont l'âme est encore vierge de toutes les saletés du monde. Un petit être à protéger et à laisser grandir. Être maman, ce qui apporte le plus de joies et le plus de souffrances.
Merci la vie.

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 09:21

Il fait encore un peu sombre dans ma chambre, le soleil peine à se lever en ce matin du 27 avril. Il est 8h30 et je viens de terminer mon petit déjeuner. Je l'ai littéralement dévoré. Il faut dire que j'en avais sacrément besoin avec la montée de lait qui est arrivée hier soir. J'ai des seins énormes, bouillants, durs et un peu endoloris... Il y a pas mal de parties de mon corps qui souffrent en même temps mais je les ignore. Même mon intimité qui brûle ne me dérange pas, j'ai tellement connu pire. Par ma fenêtre la cime des chênes verdoyante s'agite au gré du souffle printanier. C'est rafraichissant, cela m'apaise. Tout est si calme. Mon fils émet des petits couinements dans son sommeil. Il a bien profité de cette nouvelle manne lactée pendant la nuit. Il est repu, il est détendu et mon coeur se serre en l'observant. Mon fils, mon tout petit. Tu es là finalement et j'ai déjà oublié comme l'attente m'a parue longue. Tu es si joli. J'essaie de t'apprendre par coeur et de graver ta première apparence dans ma mémoire. Le temps de réaliser que tu étais enfin parmi nous et j'ai senti mon coeur se gonfler pour accueillir ce nouvel amour pour toi, pour ce que tu es là maintenant dans tout ton abandon et ta vulnérabilité, et ce que tu seras demain lorsque c'est l'homme qui aura pris la place du nourrisson. Demain nous rentrons chez nous toi et moi, et j'ai le sentiment qu'une nouvelle vie m'attend, nous attend, tous les quatre réunis.
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5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 11:16

Et 1000 fois s'il le faut.

Je dois être à mon 999ème visionnage.

Je vous laisse je vais le regarder une 1000ème fois.

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 21:30

Finalement je me suis laissée convaincre par ma sage-femme et j'ai décidé de poser mon projet de naissance à l'écrit. C'est vrai que le jour J je n'aurais sûrement pas que ça à faire d'exposer tranquillement aux sage-femmes ce que je souhaite et de recommencer chaque fois qu'elles se relayent.

 

Ma principale crainte étant d'être maladroite dans mes propos, j'ai pris toutes les pincettes possibles pour le formuler.

Ma sage-femme l'a validé à 100%.

 

Plusieurs personnes m'ont demandé de le publier. Il me semble en effet que ça peut donner quelques idées à d'autres. J'ai moi-même parcouru quelques autres projets avant de rédiger le mien. Que voici :

 

 

Voici mon projet de naissance afin que vous puissiez connaître et prendre en compte la manière dont je voudrais accoucher.

Tout ceci reste dans le cas où mon accouchement se déroulerait normalement, sans complication.

 

Je reste confiante et ouverte aux suggestions si les choses devaient se dérouler autrement.

 

- J'aimerais rester le plus possible libre de mes mouvements pour pouvoir adopter les positions qui me conviendront le mieux pendant le travail. Si je dois avoir un monitoring et/ou une perfusion, si possible les installer de façon à ce que je reste mobile.

 

- J'ai longuement travaillé pendant ces derniers mois à apprendre la gestion des contractions. Tant que je ne la sollicite pas, merci de ne pas me proposer la péridurale. Je n'exclus pas de la prendre au bout d'un moment mais j'aimerais essayer de m'en passer, au moins pendant une bonne partie du travail.

 

- Lors de mon premier accouchement, il y a 20 mois, j'ai eu une déchirure complète du périnée et j'ai mis des mois à m'en remettre vraiment. Je vous prie d'accorder une attention toute particulière sur ce point. Je m'en remets à votre savoir et vos compétences pour prendre les bonnes décisions à ce sujet.

 

- J'aimerais accoucher en position latérale. Il est possible que sur le moment cela ne me convienne plus mais c'est le projet que j'ai à l'heure actuelle. Je vous remercie de m'aider à le réaliser.

 

- Lors de la poussée, je souhaiterais utiliser la technique de poussée sur expiration active au maximum. Quand vous me direz qu'il est préférable de passer à celle de "Inspirez, bloquez, poussez" je suivrai conseils.

 

- J'aimerais que tout le monde essaye de ne pas parler trop fort lorsque notre bébé naîtra et dans les moments qui vont suivre pour lui permettre d'arriver dans le calme et de s'habituer aux bruits.

 

- J'aimerais que le cordon ne soit pas coupé dès l'expulsion mais qu'on attende au moins 5-10 minutes, le temps que le bébé se soit habitué à respirer avec ses poumons.

 

- Je souhaite vraiment que mon bébé me soit mis en peau à peau dès sa naissance pour une mise au sein immédiate.

 

Nous vous remercions chaleureusement de votre compréhension et de votre rôle dans la naissance de notre enfant.

 

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 22:33

Hier soir, après un documentaire sur l'infertilité et les progrès de la science dans ce domaine, France 2 a diffusé un reportage sur l'évolution de la vision de l'accouchement et de la naissance "La naissance, une révolution".

BIM, je me suis pris en pleine tronche le sujet qui me taraude ces derniers temps, notamment à travers ma préparation à la naissance.

Après un aperçu de ce que pouvaient être les accouchements après la 2ème guerre mondiale, ils sont revenus sur la méthode de l'accouchement sans douleur, du docteur Fernand Lamaze. Une révolution à cette époque où la péridurale n'avait pas encore fait son apparition et où toutes les femmes accouchaient dans de grandes douleurs, sans leur époux, à l'hôpital.

La méthode m'a beaucoup rappelée mes cours de préparation à la naissance en sophrologie. L'idée est à peu près similaire, se concentrer sur son corps, s'enfermer dans une bulle, apprendre à respirer convenablement et à comprendre la douleur au lieu de la subir. Accompagner chaque contraction comme une vague positive qui amène l'enfant vers la sortie, essayer de prendre conscience totalement de son corps, jusqu'à ses moindres petites sensations pour vivre les choses activement et sereinement.

Lorsque les femmes ont enfin pu accoucher en souffrant moins, et que leur mari a commencé à pouvoir être présent à leur côté, un autre médecin s'est fait connaitre pour être le premier à prendre en compte le bébé. Car à cette époque, les images d'accouchement sont choquantes. Le bébé est manipulé comme un lapin qu'on s'apprête à égorger. A peine sorti du ventre de sa mère, il est tenu par les deux pieds, tête en bas, et on lui administre sa première belle fessée pour soit-disant l'aider à remplir ses poumons d'air. C'est certain qu'avec une telle méthode, le premier cri du bébé devait envahir la pièce ! Après avoir annoncé le sexe du bébé à ses parents, les sages-femmes l'emmenaient illico aux premiers soins, qui étaient eux-mêmes réalisés sans délicatesse et sans aucune prise en compte des ressentis du bébé.

J'ai eu mal au coeur, j'ai ressenti une peine immense. Et c'est donc au Docteur Frédérick Leboyer que l'ont doit "La naissance sans violence". Un réel changement dont nous bénéficions encore. Car malgré la surmédicalisation des accouchements dits classiques, toutes les sage-femmes posent le petit aussitôt né sur sa mère, en peau à peau pour au moins deux heures. L'enfant a alors le temps d'ouvrir doucement les yeux, de mettre au point sa nouvelle respiration, et de comprendre cette nouvelle façon d'entendre, de sentir, de toucher sa mère, et d'être touché par elle.

Comme je le disais hier sur Twitter, je crois que j'ai raté ma vocation, j'aurais du être sage-femme. Sans regret puisque je sais bien au fond que je n'aurais jamais eu la capacité d'obtenir la première année de médecine mais je suis certaine que je me serais épanouie dans cette profession. Je suis tellement passionnée par la naissance humaine.

J'ai une amie qui m'a fait connaitre cette citation :

"Quand on considère que la naissance est un processus douloureux et risqué, la douleur ressentie correspond souvent à cette idée. Quand la naissance est perçue comme quelque chose de naturel, de normal, dont la douleur peut en principe être supportée, alors elle se déroule conformément à cette conception."

J'ai décidé d'en faire mon leitmotiv et qu'importe ce qui arrivera le jour-J,  même si je craque et demande la péridurale rapidement, j'ai besoin d'avoir cette motivation car c'est une intime conviction et quelque chose qui me tient fort à cœur. Grâce à ma sage-femme qui prend le temps de comprendre exactement ce dont j'ai besoin, ce que je ressens, les semaines passent et je prends moi-même conscience de choses que je n'avais pas réussi à exprimer jusque-là.

Plus que 2 mois pour y travailler et y arriver !

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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 22:30

 

A un peu moins de trois mois d'accoucher, je suis sensée en savoir un peu plus sur la manière dont je veux accoucher.

Comme vous le savezj'ai des regrets quant à mon premier accouchement, et il y a certaines choses que j'aimerais ne pas voir se reproduire. Comme la destruction de mon périnée par exemple...

L'accouchement de mes rêves je ne le vivrai sans doute jamais mais je peux quand même essayer de m'en rapprocher le plus que je peux.

Quand on a des désirs bien précis, on fait ce qu'on appelle "un projet de naissance". Il s'agit en fait d'un écrit dans lequel on indique la manière dont on souhaite que se passent les choses. On y explique ce qu'on veut absolument mais également ce qu'on ne veut absolument pas. Ce papier est transmis au personnel médical qui sera là le jour-J afin qu'il puisse s'adapter au mieux aux désirs des futurs parents. Il y a un site très sympa qui explique cela et qui donne des clés pour l'écrire.

Ce n'est pas que je sois contre cet "écrit", mais moi ça me met mal à l'aise. J'aurais l'impression de faire passer le message : "je ne vous fais pas confiance, vous allez faire comme je ne veux pas, vous avez intérêt à respecter mes désirs".

Bref, j'ai donc décidé de ne pas en rédiger un, mais d'expliquer moi-même aux sages-femmes mes préférences quand le moment sera venu et au fur et à mesure de l'accouchement.

J'ai des idées très précises, que je n'avais pas la première fois. Pour un premier enfant je me suis laissée faire, en faisant totalement confiance aux personnes qui s'occupaient de moi. Cette fois je sais ce que c'est un accouchement et j'ai retiré des leçons de mon premier.

Voici donc mon projet de naissance, qui pourra se préciser et s'améliorer encore dans les deux mois à venir.

Je souhaite :

- commencer à gérer mes contractions chez moi, dans un bain chaud si je n'ai pas perdu les eaux et ne pas partir à la maternité aussitôt. Commencer mes exercices de sophro et de respiration.

 

- à l'arrivée à la maternité, exiger de rester libre de mes mouvements le plus longtemps possible afin de pouvoir changer de position dès que j'en ressens le besoin, même perfusée. A ce moment la balle sera dans mon camp, il faudra que je sois capable de refaire les exercices de relaxation et de sophrologie appris avec ma sage-femme pour m'enfermer dans une bulle incassable et me concentrer pleinement.

 

- demander la péridurale le plus tardivement possible. Pour Pimprenelle on me l'a posée à dilatation 1, je n'ai vraiment pas tenu longtemps. Cette fois j'aimerais réussir à tenir sans jusqu'à 4 ou 5. (J'adorerais accoucher sans péridurale mais je ne pense pas en être capable dans les conditions d'accouchement médicalisé dans lesquelles je vais accoucher).

 

- une fois la péridurale posée, ne pas m'en injecter des doses avant même que la précédente commence à ne plus faire effet. C'est ce que j'ai fais la première fois, par peur d'avoir mal sans doute. Bilan je n'ai rien senti, rien de rien. Et je soupçonne cette passivité d'avoir aidé à déchirer mon périnée. Je veux ressentir les choses, au moins un peu et si possible pendant la poussée et l'expulsion.

 

- accoucher sur le côté. Je sais que ma maternité le propose. La première fois j'ai accouché sur le dos et je sais désormais que c'est moins physiologique que sur le côté. La position sur le côté facilite la descente dans le bassin du bébé, et permet un "démoulage" plus facile. Il y a moins de déchirure/épisio. J'aimerais tellement ne pas avoir à souffrir du périnée pendant encore des mois !

 

Pour la suite, je n'ai rien besoin de changer car tout s'était passé comme je le voulais. Mon bébé avait été posé sur moi tout de suite, la mise au sein s'était faite dans les minutes suivantes. On n'avait pas donné de bain à ma fille, on l'avait habillée sous nos yeux à un mètre de nous, on l'avait reposée sur moi puis on me l'avait plus jamais reprise. J'avais pu l'allaiter comme je le souhaitais et même la faire dormir avec moi sans qu'on me fasse la moins réflexion. La seule chose que je compte changer dans mon séjour c'est les bains. Je devais aller une fois par jour à la nurserie pour le bain et la pesée. Cette fois ça sera seulement pour la pesée, le bain quotidien étant complétement inutile à cet âge.

Ce sont ces grandes lignes qui ont de l'importance pour moi. J'aimerais vraiment réussir tous ces points. Si j'y arrive, je pourrais dire que j'ai vécu l'accouchement que je voulais. J'ai beaucoup d'espoir et j'y travaille beaucoup avec ma sage-femme.

 

Accouchement-et-sophrologie_h_content_l.jpg

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 22:26

 

Aujourd'hui j'accueille La Bouseuse sur mon blog.
Moi qui ai tant envie d'un accouchement différent, mais qui ne peut pas prévoir d'accouchement à domicile ni en plateau technique, j'ai été très touchée par le récit de son accouchement.
Malgré l'univers médicalisé et l'accouchement "classique" vers lequel elle se dirigeait, La Bouseuse a su s'approprier totalement son accouchement et réussir à donner la vie de la manière qu'elle le souhaitait.
Son récit est un exemple pour moi, il me motive et m'encourage. Je le relirai plusieurs fois avant d'accoucher.
Merci La Bouseuse, et bonne lecture à toutes !

Presque un mois après l'accouchement, l'envie d'écrire ce récit est toujours là.
Garder trace de ces moments hors du temps. Hors du temps au point que je ne sais où commencer ...

La belette a été posée sur mon ventre le mardi soir, un peu avant 23h. La date prévue de l'accouchement était presque trois semaines plus tard.

Le matin de ce mardi, je m'étais réveillée après une nuit un peu agitée, des douleurs légères, un peu comme des règles. Je m'en réjouis, c'est signe que ça travaille, et puisque je vais accoucher dans quelques semaines, il est temps !

J'avais prévu de faire un saut au bourg, mais comme j'ai toujours ces petites douleurs intermittentes, je temporise. Une sage-femme, appelons là Noisette, doit passer à la maison dans la matinée, pour faire connaissance et éventuellement me suivre après l'accouchement. En l'attendant, on termine le sac pour la maternité. Noisette est une sage-femme libérale très intéressée par l'accompagnement des accouchements à domicile, mais aussi très prudente sur ce chemin. Elle arrive, le courant passe formidablement. Remarquant l'écharpe suspendue à la barre de traction et le gros ballon en dessous, elle nous propose de l'appeler en début de travail, pour qu'elle nous indique quand partir à la maternité, et même, apprenant que le Chapeauté n'a pas le permis, de nous conduire à la maternité. N'est-ce pas qu'elle est géniale ?

Elle repart, on reprend le fil de notre journée. Je regarde quelques blogs, en commente un, celui d'une compagne de grossesse, qui nuance la notion d'être prête pour l'accouchement. J'écris "Il y a encore quelques jours, j’aurais pu écrire ce billet. maintenant, je pourrais juste “presque l’écrire”. Parce qu’en fait, avant, je n’étais pas tout à fait prête, et si le petit singe tout nu était arrivé, je crois que je me serais sentie frustrée d’une partie de ma grossesse. Alors que là, s’il se décidait, je ne me dirais plus que c’est quand même un peu tôt." (alors que la veille, je disais à la même "Tu commences à être impatiente ? Moi je suis toujours aussi "on est tellement bien comme ça") J'essaie de faire la sieste, les petites douleurs intermittentes sont toujours là. Vers 15h, je commence à jouer avec l'idée que ces douleurs diffuses sont peut-être des contractions de pré-travail.

Un peu par jeu, persuadée qu'on va me répondre que non, je suis encore loin d'éprouver les vraies contractions, je tweete "Dites, quand on a une contraction on le SAIT non ? #grossesse", et, devant les réponses partagées, je précise "J'ai des douleurs dans le dos, les reins et le bide, qui vont et qui viennent, mais pas de sensation de durcissement." Certains de mes adorables abonnés commencent à me dire d'aller à la maternité, mais non enfin, sont-ils impatients, ce ne peut être que du pré-travail, je n'accoucherai pas aujourd'hui, voyons ... Cela dit, c'est une excellente occasion de se mettre en condition et de tester les positions d'accompagnement au travail que nous avons vues la veille avec notre sage-femme haptonome. Hop, Metals de Feist en fond sonore, je me pends à l'écharpe, ou au cou du Chapeauté, je joue avec le ballon ... Mmmh, ça ne s'intensifierait pas un peu tout ça ? Non, je délire sans doute, je me monte la tête ... D'ailleurs je n'ai pas vraiment mal, ce n'est pas ça. On note l'espacement des contractions, toutes les six à dix minutes, mais toujours sans douleur réelle. Le Chapeauté commence tout de même à s'inquiéter, "tu ne voudrais pas qu'on appelle Noisette ?", je temporise, prends deux Spasfon, une douche chaude sur les reins, le Chapeauté tente un massage que j'interromps, c'est désagréable. Les "contractions" persistent. J'appelle la maternité, la sage-femme me dit de la rappeler dans deux heures, ce n'est probablement que du pré-travail. Il est 18 h et le Chapeauté insiste pour appeler Noisette, qui promet de passer dès que possible - elle arrive presque deux heures plus tard.

Dès que je la vois, je m'apaise, et l'idée qui avait commencé à faire son chemin - celle que j'étais réellement en travail malgré mes doutes - s'éloigne. Les sensations s'apaisent, la dilatation est à peine entamée, je me sens un peu ridicule de l'avoir fait se déplacer pour rien, mais Noisette me rassure, me dit qu'elle va rester une heure ou deux, voir comment cela évolue. Elle me propose d'essayer de dormir, à ce stade elle pense que l'accouchement pourrait avoir lieu le lendemain, et j'aurai besoin de forces. Je m'allonge, une bouillotte dans le creux des reins, vite enlevée, elle me dérange. Au bout de quelques minutes je redescends, la position allongée me fait mal. Le Chapeauté et moi reprenons les exercices, Noisette est assise dans le canapé, très discrète. Je l'oublie presque, je suis dans mon cocon, dans notre maison minuscule et douillette, avec la musique que nous avons choisie (ce doit être du violon, Bach, à ce moment-là), concentrée sur ce que je ressens, la force et la douceur du Chapeauté auquel je m'accroche. J'entre dans une sorte de bulle, je prends une vague après l'autre, dans un état un peu second, à la fois consciente à l'extrême et complètement ailleurs. Je reconnais maintenant nettement les contractions, même si je n'ai toujours pas l'impression de quelque chose qui se contracte, ni même d'une réelle douleur. Il s'agit plus d'un effort intense, qui me laisse à la fois épuisée mais aussi avec une sensation de bien-être quand il s'achève. Peu à peu une image s'impose à moi, je suis en train d'escalader une paroi et chaque contraction est un moment où je me hisse, c'est très fort, éprouvant mais encore une fois, je n'ai pas mal ... et voilà que je perds les eaux.

 

Noisette m'examine pour la deuxième fois, elle m'annonce une dilatation à 2-3 cm et nous dit qu'on va partir à la maternité. Elle va préparer sa voiture et le Chapeauté y amène nos affaires pendant que je m'habille. (En fait, je suis dilatée à 4 et Noisette est allée mettre dans sa poche un scalpel, au cas où le trajet accèlérerait le travail ; elle a perçu que mon accouchement serait rapide et sait que l'ambulance pourrait mettre du temps à arriver.) Alors que le Chapeauté revient me chercher, une nausée me met K.O. debout et je vomis cinq jets brûlants ... Noisette nous dira plus tard que c'est un signe d'un travail qui s'accélère encore, et qu'elle suppose qu'à ce stade je suis dilatée à 7 ... Au moment de quitter notre maison, j'ai un instant de panique, je souffle à Noisette "J'ai peur de ne pas y arriver" ... De sa belle voix apaisante, elle me répond doucement "Oh moi, j'ai toute confiance".

Je m'installe à l'avant de sa voiture, le Chapeauté appelle la maternité pour prévenir de notre arrivée. Il me prévient que je ne pourrai pas accoucher dans la salle nature, et j'adresse une pensée à la femme qui y met au monde un enfant (en fait, la salle n'est pas encore en service !). S'ensuit le trajet sans doute le plus étrange de ma vie ... J'ai les yeux fermés presque en permanence, et j'ai l'impression que la voiture est un véritable bolide alors qu'on ne dépasse pas les 50 à l'heure ... A chaque contraction - elles s'espacent - je me suspends à deux mains à la poignée au plafond de la voiture et souffle, m'accrochant à la voix de Noisette qui très bas me dit "très bien" ... Et entre les contractions, je somnole !

Nous voilà arrivés, je sors de la voiture, le Chapeauté me prend dans ses bras, et nous disons des mots d'amoureux, effarés et émerveillés ... on y est, on va, d'ici le matin, prendre notre fille dans nos bras ... Il est 22h. Avant d'arriver aux portes de l'hôpital, j'ai une contraction, bien plus forte que la précédente, je me suspends aux épaules du Chapeauté ... Nous prenons l'ascenceur, Noisette est toujours avec nous, et nous arrivons devant le plus long couloir du monde, au bout duquel se trouve la salle d'examen ... J'aurai quatre contractions avant d'y arriver.

Une fois entrée, la sage-femme de service se présente, une auxiliaire de puériculture l'accompagne, Noisette et le Chapeauté sont repartis à la voiture chercher les bagages ... La sage-femme de la maternité me dit qu'elle a lu notre projet de naissance, et me demande ce qui est le plus important pour nous ... Moment d'effarement, que me veut cette femme, je ne suis pas en état d'avoir une discussion ! J'expulse quelques mots "On est dans la ligne de l'hôpital !" (c'est une très chouette maternité) puis "Ne pas être séparés de notre enfant" ... Là-dessus, elle me laisse seule dans la salle d'examen, cela ne dure que quelques minutes ou peut-être quelques secondes avant que la sage-femme et Noisette ne reviennent, mais je les vis dans une angoisse terrible.  Après un rapide examen, on me dit que je suis dilatée à 9 ... je me dis que ça fait beaucoup, sans réaliser que c'est presque fini !

Je me suis mise à genoux sur la table d'examen, quand le Chapeauté revient je me suspends à son cou. La sage-femme demande dans quelle posture je veux m'installer, "Je suis bien comme ça", elle répond quelque chose, je n'entends pas, je suis revenue dans ma bulle, contre mon amoureux, c'est comme si je retrouvais le cocon de la maison. Complètement déconnectée de la salle et du lit d'examen, de l'agitation du duo médical, on me met en position "à l'anglaise", puis en positions gynéco sans étriers,, mes pieds poussant sur les mains des soignantes, on essaie de me mettre un monitoring (et là, la lègère pression sur mon bas-ventre est très douloureuse, allez comprendre), on me dit qu'il va falloir pousser ...

Quoi, déjà ? Mais on vient d'arriver, ils sont fous ces gens ! De toutes façons, si c'est le moment de pousser, je ne pourrai pas m'en empêcher, et je devrai juste accompagner la poussée, j'ai tout bien retenu la leçon de la veille ... Du coup, à la contraction suivante (et depuis que je suis allongée, les contractions sont bien moins efficaces), je me contente de visualiser une ouverture, d'imaginer la belette descendre ...

La sage-femme s'énerve "Mais vous ne poussez pas, là, vous ne me donnez rien !" A la contraction suivante, elle prévient "Si vous ne poussez pas, on va devoir appeler la gynéco, votre belette n'est pas bien là ... Quand ça fait mal, poussez !" Et moi de répondre, apparemment d'un ton furieux, mais en fait simplement très désemparée "Mais j'ai pas mal !" ... Et là, Noisette vient me chuchoter à l'oreille "Il faut pousser comme si vous vouliez faire caca, c'est pas très beau, mais on s'en fiche, c'est ça qu'il faut faire" ... D'accord, si Noisette le dit ... Une contraction, je pousse, elle passe, et la sage-feme me dit qu'elle voit la tête de notre fille, elle me la fait toucher, c'est incroyable et je souffle d'une voix tremblante "C'est pas vrai ?". Je viens seulement de comprendre à quel point la rencontre est imminente. Une deuxième poussée, j'entends de très loin la sage-femme gueuler  des rugissements de supporter sportif "C'est magnifique ce que vous faites, allez-y allez", mais je me concentre sur les mains de mon amoureux sur lesquelles j'appuie de toutes mes forces les miennes, et ses paroles chuchotées à mon oreille "On va bientôt voir notre fille, c'est pour ça que tu fais ça, je suis là, je suis avec toi".

Une troisième contraction, je pousse, une sensation de brûlure mouillée, elle est là, déjà, on me la pose sur mon buste en me disant "la voilà votre belette, elle est belle". J'ouvre les yeux pour la première fois depuis mille ans, je la regarde et je veux dire qu'elle est bien mieux que belle, elle est forte, elle est éveillée, elle est fabuleuse ... et je dis "Elle est toute fripée" !


Cela fait moins d'une heure que nous sommes à la maternité. Notre fille regarde partout avec de grands yeux. Elle n'a pas crié, même si le cordon a été clampé un peu tôt. La gynéco appelée plus tôt arrive, pour constater que finalement, on n'a pas eu besoin d'elle. Une fois ma déchirure (superficielle mais longue) recousue, les soignants se retirent, nous laissant deux heures tous les trois. Posée contre mon buste, couverte d'un drap et d'une couverture, je sens son petit poids, sa chaleur ... et quand je détache mes yeux d'elle pour regarder mon mari, j'ai l'impression de redécouvrir son visage à lui, fatigué mais tellement beau.


Je garde un souvenir fabuleux de cet accouchement, que j'ai bien du mal à retranscrire. Malgré les aléas fonctionnels, le trajet en voiture, la sage-femme de l'hôpital peu amène, la scène surréaliste où deux soignants hurlent à mon entrejambe de pousser, j'ai la sensation de ne pas avoir quitté cet état second, protecteur, construit lors du travail à la maison, et c'est ce qui, j'en suis sûre, m'a permis de ne jamais avoir réellement peur ou mal. Je croyais d'ailleurs que cette absence de douleur ne serait que temporaire, et que les lendemains seraient plus difficiles, mais finalement je n'ai jamais eu besoin d'antidouleurs, la seule difficulté rencontrée ayant été ... une courbature géante aux fesses !

Nous sommes très reconnaissants à Noisette, dont la présence chez nous puis l'accompagnement à la maternité a permis à ce cocon de se créer et de se maintenir. Dans ce premier moment seuls à trois dans la salle d'examen, nous avons décidé de donner comme troisième prénom à notre fille celui de Noisette. Par la suite, celle-ci nous dira que cette expérience l'a convaincue qu'elle était faite pour accompagner des accouchements à domicile, et m'a assurée spontanément qu'elle serait là pour mon prochain accouchement ... à la maison !

 

 

 

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 22:16

Le premier cri.

Si vous ne connaissez pas ce docu-film, il faut ABSOLUMENT que vous y remédiez.

Je l'ai découvert pendant ma première grossesse et l'ai revu plusieurs fois depuis.

On suit 10 femmes du monde entier 48 heures avant leur accouchement jusqu'à la naissance de leur enfant, le même jour.

Chacune selon ses traditions, ses croyances, ses moyens.

le-premier-cri-1bis.jpg

Dans la plupart des cultures non-occidentales, la mise au monde d'un enfant est restée somme toute très naturelle.

Les femmes sont accompagnées par des personnes qui les aide à se détendre, à se préparer à la venue imminente de leur petit. Leur accouchement est un évènement,  la plupart accomplissent des sortes de rituels.

Comme je les envie ! Comme j'aimerais que les heures qui précèdent mon accouchement, je devienne le centre de l'attention. Que la naissance de mon enfant soit un moment sacré.

Je pense que je n'aurais jamais l'accouchement auquel je rêve parfois. Je ne crois pas en être capable, j'en ai trop peur et surtout, mon homme ne me suit pas et je ne peux pas y arriver s'il n'est pas à 100% dedans aussi.

Pourtant dans le fond j'en ai tellement envie. J'ai tellement regretté des choses de mon premier accouchement... et le récit de la naissance de Léonie m'a tellement bouleversé, c'est exactement comme ça que je voudrais vivre la naissance d'un enfant. Pas nécessairement chez moi, mais dans une ambiance spéciale, paisible, très entourée, et pouvant faire exactement ce que je veux au moment où je le veux.

Je veux une grande pièce, colorée.

Je veux la nuit, la lumière éteinte, une petite lampe tamisée dans un coin, des bougies un peu partout.

Je veux un immense matelas, et des coussins.

Dans la même pièce je veux une baignoire, très grande, pour être à l'aise, pouvoir étaler mes jambes.

Je veux un feu de cheminée, une petite table et une tisane très chaude.

Je veux une musique douce, très basse, presque inaudible.

Une sage-femme qui me connait par cœur et qui est là juste pour moi. Qui m'explique tout quand je veux savoir, qui me rassure, qui m'encourage, qui met sa main sur mon front.

Et mon homme, qui me dit qu'il est fier, qui a hâte de voir son enfant, qui me trouve courageuse.

Tout le monde parle tout bas.

Je veux des massages et des caresses pour m'apaiser.

Et l'enfant tant attendu pousse son premier cri dans la quiétude de cette nuit à part.

C'est EXACTEMENT comme ça que je vois mon accouchement idéal. C'est ainsi, je suis convaincue, qu'il doit se vivre. Et quand j'y pense j'ai des frissons.

Alcove.jpgCrédit image Ko Créations





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